La première session en bref : Convention Métropolitaine pour le Climat.

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Une convention bien lancée !


C ’est toujours avec une certaine fébrilité que les organisateurs d’une Convention citoyenne appréhendent le lancement d’une telle démarche : les citoyennes et citoyens seront-ils bien là ? Vont-ils bien s’entendre et jouer le jeu ? Vont-ils bien comprendre ce qui leur est proposé ? A en croire les sourires sur la photo de groupe et les applaudissements en fin de week-end, ce lancement semble avoir atteint ses principaux objectifs !


110 habitantes et habitants qui forment une véritable « petite métropole »


C’est avec une ponctualité particulière que les personnes qui avaient été recrutées pour constituer la Convention sont arrivées vendredi en fin d’après-midi à l’Hôtel de la Métropole. Une fois son badge récupéré, chacun a pu prendre place dans l’hémicycle où siègent habituellement les élus métropolitains.


Les 110 membres présents reflètent bien la population métropolitaine avec une très grande diversité de profils. Âgés de 16 à 84 ans, les participants viennent de l’ensemble des territoires de la Métropole dans une proportion proche de leurs poids démographiques respectifs. Ils ont également des niveaux de diplômes ou encore des professions variées : un chef cuisinier peut ainsi se retrouver à échanger autour d’une table avec un électricien, une retraitée, un professeur des écoles, une étudiante et une personne en recherche d’emploi ! [cf. infographie ci-après].


Apprendre à se connaître


Une Convention citoyenne est d’abord une affaire de collectif. Il faut créer progressivement un groupe à partir de personnes se découvrant et, pour certaines, n’ayant pas forcément beaucoup de choses en commun de prime abord ! Ce week-end a ainsi permis de commencer à tisser ces liens, par exemple, avec le « bingo » de la Convention où chaque membre devait rechercher des participants répondant à une liste de caractéristiques. Les temps de (courtes !) pauses et du repas ont été également l’occasion de faire connaissance. Les caractères et affinités des uns et des autres ont ainsi commencé à apparaître… quelques petits signes d’agacement aussi… mais c’est bien ça la vie d’un groupe !


Une entrée progressive dans le sujet…


L’installation officielle de la Convention s’est faite autour d’un premier mot d’accueil de Bruno Bernard, le Président de la Métropole, accompagné de Laurence Boffet et de Philippe Guelpa-Bonaro, vice-présidents qui suivront attentivement les travaux de séance en séance. Les trois élus ont rapidement présenté les leviers d’action de la Métropole déjà engagés face aux défis climatiques. Surtout, ils ont demandé à la Convention de faire preuve de responsabilité et d’indépendance pour formuler des propositions audacieuses. Les membres ont ainsi pu comprendre les attentes de la Métropole et intégrer la question qui leur est posée et qui ne les quittera plus pour les prochains mois :


« Quelles priorités doivent guider l’adaptation de notre territoire au réchauffement climatique ? »


Après cette entrée en matière, que certains auront pu trouver un peu protocolaire, la Convention est vite passée aux travaux pratiques ! Changement de salle et chacun se retrouve à une table ronde entouré de 9 autres participants. L’objectif était d’explorer les impacts de la chaleur qui touchera de plus en plus le territoire métropolitain. Sans trahir la confidentialité des travaux de la Convention et sans exhaustivité, de nombreuses préoccupations ont été rapidement exprimées à partir de l’expérience et du vécu de chacun. Ont notamment été citées des questions autour de la santé (notamment des plus fragiles), des rythmes et modes de vie, des activités (qui devront s’adapter), de la qualité thermique des constructions, des impacts sur les ressources naturelles comme l’eau et la végétation qui sont essentiels à la qualité de vie ou encore les risques accrus en matière d’inégalités et de conflits… Les membres de la Convention ont ainsi montré qu’ils étaient bien dans le sujet et en capacité de dresser un premier état des lieux de manière collective après seulement quelques heures !


« Soyez libre de vos propositions, soyez imaginatifs, soyez constructif, écoutez vous. » 

Bruno Bernard


Partir des faits scientifiques sur le climat


L’information des membres est une autre dimension essentielle d’une Convention pour permettre une réflexion éclairée. Avec un groupe aussi diversifié, cette montée en compétence collective est un enjeu fort. La journée du samedi y a été en grande partie consacrée. Au programme, plusieurs interventions d’experts et de chercheurs étaient ainsi prévues dans une journée dense et riche en informations !

Avant de rentrer sur le cœur du sujet (l’adaptation à la chaleur !), les organisateurs de la Convention ont imaginé un parcours « en entonnoir » permettant de donner à tous les clés pour bien comprendre les sujets à travailler. Première étape de ce parcours, la séance 1 entendait donner les informations-clés sur le changement climatique et les enjeux de son atténuation.



« Ce n’est pas la fin du monde, c’est la fin d’un monde ! »

Daniel Gilbert


C’est ainsi que le samedi s’est ouvert sur une présentation de Daniel Gilbert, professeur à l’Université de Franche-Comté, pour expliquer ce qu’est le changement climatique et rappeler le consensus scientifique sur son origine humaine et ses impacts irréversibles pour les décennies à venir sur le climat. Il a particulièrement insisté sur les « ruptures » qui nous attendent : l’adaptation de notre société ne sera pas progressive mais se fera pas « à coups ». Dans ce contexte, il a mis en avant la nécessité de chercher la robustesse – c’est-à-dire des solutions « qui marchent quand ça va mal » – plutôt que la performance – c’est-à-dire des solutions très efficaces… quand tout va bien !


Cette présentation a été complétée par celle de Noémie Paté, maître de conférences en sociologie. Si l’intervention a pu en déconcerté certains, cette entrée « sociologique » dans un sujet présenté juste avant comme relevant de la physique permettait de souligner d’emblée la nécessité de prendre en compte les inégalités socio-environnementales pour une adaptation au changement climatique « juste ». En effet, les travaux de recherche montrent comment le changement climatique accentue des inégalités et des discriminations existantes à l’échelle mondiale comme nationale.



« C’est la double peine : ceux qui sont le plus exposés sont aussi ceux qui sont les moins responsables de l’impact climatique et qui ont les plus faibles capacités d’adaptation !  »

Noémie Paté



Comprendre la manière dont s’organise les politiques climatiques



Un troisième temps de présentation, avec Philippe Guelpa-Bonaro – vice-président de la Métropole et les services de l’Etat, a été l’occasion de préciser le cadre réglementaire des politiques climatiques découlant d’objectifs internationaux déclinés jusqu’à notre territoire. Cet éclairage plus juridique visait à permettre aux membres de la Convention de comprendre dans quel cadre leurs réflexions pourraient être valorisées.


Enfin, la quatrième intervention de la journée a consisté en un point d’étape sur la révision du Plan Climat de la Métropole, avec Anouk Desouches qui le porte dans les services, pour souligner la déclinaison des objectifs mondiaux de neutralité carbone appliqués à notre territoire.



« Nos émissions de gaz à effet de serre ont déjà diminué de 28 % entre 1990 et 2021 mais cela ne suffit pas : il faudra aller 2 fois plus vite à l’avenir. »

Anouk Desouches


Une confrontation pas toujours évidente à ces informations



Ce parcours de formation a également pris des formes différentes avec, pour une partie des membres, un atelier autour de leur propre bilan carbone. L’exercice a produit des réactions contrastées face aux résultats obtenus mais aussi aux évolutions à envisager pour réduire l’empreinte carbone : comment faire quand on n’a pas d’autres solutions que de prendre sa voiture pour aller travailler ? Faut-il vraiment que tout le monde devienne végétarien ou renonce à son confort ? Les échanges d’expérience ont également été l’occasion de souligner que nos vies ne sont pas que « carbonées » avec des activités et des plaisirs « bas carbone » comme faire du sport, du bénévolat, partager des moments avec des animaux domestiques, se cultiver…



En parallèle, l’autre partie du groupe explorait 4 scénarios prospectifs imaginés par l’Agence de la transition écologique (ADEME) pour décrire différentes France possibles neutres en carbone Ces scénarios mettent ainsi en évidence des choix de société combinant à des degrés divers frugalité, coopérations territoriale, technologies vertes, pari dans des technologies futures de captation du carbone. Invités à se positionner sur un des 4 scénarios possibles, les échanges ont montré des visions différentes des solutions à privilégier : basculer dans une société plus simple, qui se dégage de la surconsommation pour revenir à l’essentiel ; s’engager sur la recherche de solutions collectives et le partage ; faire confiance dans les technologies pour préserver nos modes de vie et de confort… Des sensibilités différentes face aux chemins d’avenir ont pu s’exprimer !



Une première séance qui n’a pas laissé les membres indifférents et a ouvert les discussions



Les témoignages de la journée ont montré une grande diversité d’états d’esprit face à ce flot d’informations. Des espaces d’expression libre ont cherché à mettre des mots dessus. Beaucoup ont ainsi exprimé une forme d’anxiété et de prise de conscience (ou de reprise de conscience) un peu trop brutale. D’autres ont pu ressentir une forme de remise en cause assez injuste de leur mode de vie face à des enjeux globaux qui les dépassent. D’autres encore ont fait valoir leur scepticisme sur certains points des présentations. Malgré tout, c’est la « curiosité » et l’envie d’approfondir ces différents sujets qui semble avoir été la plus forte au gré de cette journée et demie.

Ainsi, les membres de la Convention ont tenu leur rôle jusqu’au bout par un dernier exercice permettant de compléter leurs premières réflexions du vendredi soir. Ces éléments constitueront le point de départ de la prochaine séance avec une envie partagée de rentrer plus précisément dans les différentes problématiques.

Les 11 et 12 octobre prochains, les 110 membres de la Convention sont ainsi attendus pour une nouvelle étape qui les amènera à rentrer beaucoup plus précisément dans le cœur du sujet de l’adaptation à la chaleur ! Sans dévoiler le programme, de nouveaux intervenants devraient pouvoir apporter des réponses à des questions laissées en suspens lors de la première séance. Il s’agira également d’imaginer davantage l’avenir lors d’une demi-journée qui projettera les membres de la Convention en 2050. Une aventure à suivre !



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