La troisième session en bref : Convention Métropolitaine pour le Climat.
Une troisième session à la rencontre des acteurs de terrain pour identifier les freins et leviers d’adaptation face aux fortes chaleurs
Les 15 et 16 novembre derniers ont marqué la troisième session de la Convention climat. Les membres sont actuellement à mi-parcours avant de finaliser de l’Avis citoyen en janvier. Après deux premiers weekends autour des enjeux d’adaptation, ce nouveau rendez-vous avait vocation à d’échanger cette fois-ci sur le terrain, sur les effets de la chaleur et les solutions mises en place.
La méthode : des visites territoriales pour échanger avec les acteurs de terrain sur les freins et leviers d’adaptation à la chaleur
Ambitieuse dans sa démarche, cette troisième session a réuni une cinquantaine d’acteurs intervenant sur près de 10 sites différents : Confluence, porte des Alpes, Dardilly, Parc Miribel Jonage, Saint-Fons, Vaulx-en-Velin, Champagne au Mont d’Or, Corbas…. L’ensemble des thématiques couvertes était assez large : culture (centre culturel, bibliothèques), tourisme, établissements scolaires, santé (hôpitaux, pompiers…), architecture et patrimoine (architecte, sociologue, promoteur immobilier), solidarité (associations…), sport et des loisirs (centres sportifs, golf), des entreprises du BTP et des PME, sans oublier l’ensemble des services techniques de la Métropole de Lyon et de plusieurs de ses communes.
Les citoyens ont été répartis dans 5 groupes égaux (Nord, Sud, Est, Ouest, Centre), couvrant l’ensemble du territoire et réunissant pour chacun une vingtaine de membres. Pour chaque intervenant, 2 questions directrices ont guidé les temps d’échanges : quelles sont les actions de votre structure en lien avec la chaleur ? et quels sont les leviers ou les freins qui permettent ou empêchent l’adaptation de votre activité à la chaleur ?
Lors des visites, chaque membre est invité à porter un regard critique sur les actions des intervenants de lutte contre la chaleur. Le temps de ce sessions, ils deviennent enquêteurs pour comprendre les freins et les limites rencontrées.
« On ne vous demande pas de boire ce que disent les intervenants, mais d’apporter un regard critique sur leur action et les limites qu’ils rencontrent dans leur activité. »
Le vendredi soir : un retour sur la précédente session et une préparation des visites
Dès le début de soirée, les membres de la Convention ont rejoint leur groupe thématique (Activités et rythmes de vie, Solidarités et Santé, Lieux de vie), pour valider ensemble la synthèse des travaux effectués en session 2. L’occasion pour chacun de se replonger sur les enseignements du weekend précédent, mais aussi et surtout de compléter et de valider les principes qu’ils avaient identifiés ! Ces derniers serviront de lignes directrices pour guider l’action de la Métropole en matière d’adaptation à la chaleur. Sans prétendre être exhaustif, nous pouvons en citer quelques-uns ! Aménager des espaces de fraîcheur et de prise en charge face à la chaleur, prioriser l’adaptation de nos lieux de vie via la rénovation thermique des logements, préserver l’accès aux activités culturelles et de loisirs, garantir les services publics essentiels en période de crise canicule, adapter les conditions de travail face à la chaleur dans les entreprises et collectivités.
Ensuite, les membres ont découvert le programme de leurs visites du lendemain et ont pu commencer à les préparer. Toutefois, être enquêteur ne s’improvise pas : chacun a réfléchi aux questions qu’il souhaitait poser et les a partagées avec son groupe thématique et son groupe de visite. Après avoir élaboré une grille de questions pour chacun des intervenants, les membres ont partagé un pot convivial et sont rentré se reposer avant le samedi de visite.
Pour le groupe Ouest : une balade urbaine dans les Monts d’Or, pour découvrir la stratégie adaptation de Dardilly et des tables-rondes sur la rénovation énergétique et les solutions de rafraîchissements
Samedi matin, bravant le froid matinal de l’hiver, les membres du groupe Ouest ont rejoint les hauteurs de Dardilly, située dans les Monts d’Or. Cécile Vigouroux, Directrice du Service Cadre de Vie présente la stratégie menée par la Ville de Dardilly pour s’adapter aux vagues de chaleur. Les questions fusent. En effet, les mesures mises en place pour faire face à des étés plus chauds, sont nombreuses : isolation thermique du centre socioculturel de l’Aqueduc, citernes pour la récupération des eaux pluviales à des fins d’arrosage, désimperméabilisation du parvis, choix d’essences végétales adaptées, plantation d’une micro-forêt, réseau de géothermie pour le centre culturel. La ville mène une stratégie ambitieuse, mais le groupe ne manque pas de souligner les ressources du territoire. Derrière l’aspect exemplaire du programme d’actions, certains soulignent l’enjeu du financement des mesures d’adaptation, notamment pour d’autres communes moins dotées fiscalement ! Sous les coups de 11h, le groupe a rendez-vous à la mairie de Champagne au Mont d’Or, pour évoquer les enjeux de la création d’espaces de fraîcheur à une échelle plus stratégique, celle du SCOT (document planifiant l’aménagement du territoire à une échelle plus grande que la Métropole, celle de l’agglomération lyonnaise) !
Pas de répit pour le groupe Ouest, après une pause déjeuner bien méritée, le marathon des interventions se poursuit ! L’après-midi, près de 7 intervenants sont venus partager leur expertise, avant de répondre aux questions des membres. La rénovation du patrimoine bâti et le développement de solutions alternatives à la climatisation (comme la géothermie ou le réseau de production de froid) ont été au cœur des échanges. Si les solutions s’avèrent séduisantes, le groupe découvre aussi les nombreux obstacles freinant leur mise en œuvre, comme le coût. Globalement, le coût de l’adaptation au changement climatique et en particulier aux effets de la chaleur, pose question. La visite se conclut dans le trajet retour du bus à 17h.
Pour le groupe Sud : une visite d’un quartier prioritaire
C’est dans la bonne humeur et en chanson que le groupe 3 « sud de la Métropole » a débuté sa journée d’exploration en bus jusqu’à St-Fons.
Le groupe a ainsi passé la matinée dans le quartier de l’Arsenal, classé en politique de la Ville, à la découverte du quartier et de son projet de réhabilitation. Il a également rencontré les structures associatives de solidarité qui agissent auprès des habitants. En fin de journée, les participantes et participants ont pointé les besoins particuliers de ce type de quartier face à la chaleur avec un cumul de difficultés liées à leur densité ou encore leur caractère très minéral et de problèmes de précarité. Ils ont aussi souligné que, loin de certains clichés, ces quartiers étaient dynamiques avec des acteurs qui cherchaient à faire bouger les choses, y compris face à la chaleur. Inadaptation des locaux, conditions de travail des salariés et problèmes budgétaires des associations, nécessité d’accompagner la mobilisation des habitants… les défis sont néanmoins nombreux !
L’après-midi fut l’occasion d’un changement de décor à Corbas
à travers les champs ponctués de quartiers pavillonnaires. Après avoir
rencontré une cheffe d’entreprise dynamique et engagée en fin de matinée,
l’après-midi a été consacrée à l’adaptation des équipements et services
publics comme les écoles / collèges ou pour le sport. Les échanges
ont montré que des solutions existaient, que des acteurs commençaient à se
mobiliser sur les questions de chaleur… mais que l’on en était encore à des
actions largement isolées, « bricolées »… en l’absence d’une impulsion et
d’une stratégie globale. De quoi vérifier sur le terrain tout l’intérêt de la
Convention !
Groupe Est : entre Culture et Tourisme, matinée intense pour repenser l’adaptation des territoires
C’est à bord d’un bus direction l’espace Carcot de Vaulx-en-Velin que le groupe Est a débuté sa matinée d’échanges. Accueillis dès 10h00, les participants se sont installés dans une ambiance studieuse pour assister à une première table ronde dédiée à un enjeu brûlant : l’adaptation des activités culturelles face aux vagues de chaleur. Simon Meyer, directeur des activités culturelles de Villeurbanne, a ouvert la discussion en soulignant combien les épisodes de canicule redéfinissent la gestion culturelle de sa ville. Solène Vénuat, Enrique Moreno, Pascal Krajewski et Eric Palange ont complété les discussions en partageant des exemples concrets : réaménagements d’espaces, programmations adaptées, et actions solidaires pour maintenir une offre culturelle vivante et accessible malgré le manque de moyens.
« Comment maintenir l’attractivité commerciale et touristique des territoires en période de canicule ? »
Les discussions ont ensuite évolué vers une thématique tout aussi cruciale : comment maintenir l’attractivité commerciale et touristique des territoires en période de canicule ? Catherine Romeyer, experte en tourisme responsable chez ONLYLYON, a partagé des actions innovantes pour faire face aux défis climatiques, tout en renforçant le dynamisme des communes. Par exemple, la réhabilitation des espaces de rafraîchissement naturels, comme les cours d’eau de la Métropole pour les rendre baignables.
Une après-midi de terrain à Porte des Alpes
Après une pause déjeuner bien méritée, le groupe Est reprend la route pour visiter le golf de Chassieu ! Si le lieu pourrait en étonner plus d’un, au regard des enjeux d’adaptation au climat, le groupe a pourtant échangé sur les limites et les opportunités des actions d’adaptation déjà mise en place sur cet espace.
Ensuite, le groupe s’est lancé dans une balade urbaine au cœur du projet Porte des Alpes, guidée par Corentin Gaillard, chef de projet à la Métropole, et Philippe Mary de l’agence d’urbanisme UrbaLyon. Ce territoire, mêlant zones agricoles et industrielles, s’impose comme un exemple intéressant de résilience face aux îlots de chaleur. Les participants ont découvert des actions novatrices de transformation et de végétalisation des espaces publics, de renforcement de la végétalisation, des matériaux limitant la surchauffe. L’implication des acteurs locaux reste essentielle pour co-construire des solutions durables.
Pour le groupe Centre : une visite du quartier Confluence !
Le ciel gris et le froid mordant n’a pas empêché les membres d’apprécier la visite du nouveau quartier construit de Confluence. Le groupe a échangé sur les sur les espaces publics et les constructions adaptées à la chaleur avec Claude Kovatchévitch, animateur de balades urbaines dans l’association Nomade Land et David Chevallier, sociologue sur les enquêtes réalisées avec les nouveaux habitants.
En fin de matinée, le groupe a été accueilli à la Maison des Projets de Confluence par deux représentants d’associations : Roland CORTI de l’Armée du Salut et François Auffray de Petits Frères des Pauvres. Ils ont échangé sur les actions possibles pour la prise en charge des sans-domiciles fixes et des personnes âgées isolées.
Après une pause-déjeuner bienvenue, le groupe a échangé sur les contraintes et leviers pour adapter à la chaleur les quartiers anciens ou denses, parfois patrimoniaux. L’après-midi fut riche, avec près de 5 interventions différentes d’affilée ! Les spécificités architecturales et les contraintes patrimoniales des rénovations ont été au cœur des discussions avec Isabelle Eynard Riondet, chargée de mission Patrimoine au Grand Lyon Métropole et Virginie Ravoux Imbert, architecte patrimoine DPLG.
Quant à Philippe Moussière, Directeur Adjoint Patrimoine Végétal de la Métropole de Lyon, il a ensuite échangé sur les conditions nécessaires pour développer la végétalisation en ville.
Prenant sa suite, Rémi Pascual, promoteur immobilier SCIC Habitéé, a présenté deux constructions immobilières, la première en Savoie et l’autre à Lyon, en pointant les contraintes et principes d’adaptation à la chaleur au sein des espaces communs et des bâtis.
Julie Purdue, responsable de la Mission Transition écologique a finalement conclut cette table-ronde en faisant le parallèle entre les sujets évoqués et les actions menées à la Ville.
Et pour conclure cette journée, les nouvelles formes de solidarité face à la chaleur, ont été le sujet de l’intervention de Hervé Sarizafy, de l’association Voisin Malin. L’association a mis en avant ses actions de porte à porte et son travail de sensibilisation auprès des habitants dans 3 quartiers populaires de la Métropole. L’occasion de partager le vocabulaire de « bouilloire thermique » et la nécessité de rénover les logements en prenant en compte le confort d’été.
Pour le groupe Nord : une exploration à vélo du parc de Miribel Jonage
C’est sous un soleil timide que le groupe « Nord » a entamé sa journée d’exploration au parc de Miribel Jonage. Accompagnés de Guillaume Maury (Directeur Général du Segapal), Christophe Jarraud (Directeur du patrimoine) et Thierry Escudero (Directeur de l’exploitation), les participants ont plongé au cœur de ce vaste espace naturel périurbain, l’un des plus grands d’Europe à proximité d’une ville. Consacrée aux thèmes « lieux de vie » et « activités », la matinée, fut l’occasion d’aborder les efforts d’adaptation du parc de logements, tout en découvrant ce havre de fraîcheur qu’est le parc de Miribel Jonage.
Pour mieux appréhender les enjeux liés aux périodes de fortes chaleurs, le groupe a exploré le parc à vélo, afin de comprendre le rôle du parc et les défis qu’il rencontre. En fin de matinée, Sébastien Pontet (Directeur de la Prévention et de l’Organisation des secours chez les pompiers) a présenté le travail d’anticipation des risques liés à la chaleur qu’il a réalisé.
L’après-midi a été marqué par des échanges riches et engagés avec des acteurs du social. Régis Casanti, membre du collectif CARPA (pour l’accessibilité), et Alain Defait, directeur de l’AD2SOL (aide à domicile pour personnes âgées ou en situation de handicap), ont partagé leurs expériences sur l’impact des fortes chaleurs sur la vie quotidienne des personnes vulnérables et sur les conditions de travail des aides à domicile. La journée s’est conclue par une rencontre avec Pascal Mariotti (Directeur général de l’hôpital Vinatier) et Annick Amiel-Grignard (Directrice adjointe de l’Hôpital Mont d’Or), qui ont évoqué les défis croissants que le système de santé doit relever face à la chaleur. Une journée intense, éclairée par des perspectives variées sur les adaptations nécessaires dans un monde en changement.
Une troisième séance appréciée, ayant permis de voir concrètement les enjeux d’adaptation posés par la chaleur
Bien qu’intense, cette troisième séance aura permis de découvrir les actions menées contre la chaleur sur le territoire métropolitain, en variant les thématiques et les points de vue.. Après un retour à Sciences Po, quelques courageux prennent le temps de témoigner, au retour du bus, devant la caméraman en charge du podcast de la session. La plupart est ravis d’avoir été « sur le terrain » rencontrer les acteurs, mais certains regrettent de n’avoir pas eu plus de temps pour échanger avec les acteurs.
Un temps de travail a été proposé aux membres à la fin de la journée pour faire le bilan de la journée et compléter les priorités d’adaptation. Ces dernières seront débattues dans le cadre des sessions 4 et 5, et serviront de base de travail lors de l’écriture de l’Avis de la Convention.