Qu’est-ce que l’urbanisme transitoire ?

Depuis quelques années, et plus fortement depuis 2018, la Métropole de Lyon développe une démarche d’urbanisme transitoire pour redonner temporairement vie à des espaces en transition. Cette approche concerne des espaces publics en attente d’aménagements définitifs, mais surtout une majorité de bâtiments vacants, friches urbaines et anciens sites industriels. L’objectif est de permettre de nouvelles expérimentations et de donner une fonction à ces lieux pendant leur période de transition.
Loin d’être une simple occupation temporaire, l’urbanisme transitoire permet d’expérimenter de nouveaux usages, de soutenir des initiatives locales et d’impliquer les habitants dans la transformation de leur cadre de vie.
Pourquoi faire ?
L’urbanisme transitoire prend différentes formes en fonction des sites concernés.
Sur le bâti, cette approche permet de redonner vie à des lieux inoccupés ou sous-utilisés.
Un exemple emblématique est le technicentre SNCF de la Mulatière, un ancien site industriel transformé en un lieu culturel dynamique, baptisé « Les Grandes Locos ». Ce site accueille des événements majeurs comme les Nuits Sonores et la Biennale d’Art Contemporain, mais aussi des installations artistiques et des concerts, permettant ainsi de redynamiser un espace tout en préservant son patrimoine.
À Francheville, les Grandes Voisines, une ancienne bâtisse abandonnée, a été transformée en un tiers-lieu social et solidaire. Ce lieu abrite des structures d’insertion professionnelle, un pôle de santé et des activités culturelles, offrant ainsi une nouvelle fonction à un bâtiment auparavant vacant.
De même, les Ateliers Briand à Saint-Priest, une ancienne usine, sont devenus un tiers-lieu productif qui accueille des artisans, des créateurs et des entrepreneurs locaux.
Dans l’espace public, l’urbanisme transitoire permet de tester des aménagements avant des travaux définitifs et d’offrir des usages éphémères aux habitants.
Lesquais du Rhône ont récemment accueilli une intervention artistique temporaire : des fresques dessinées directement sur le sol et sur des modules par l’artiste lyonnais Bart Lanzini, transformant cet espace de promenade en galerie à ciel ouvert. Ces œuvres invitent les passants à porter un nouveau regard sur l’espace urbain et interrogent sur l’évolution des usages des berges.
Laplace Grandclément à Villeurbanne a été un terrain d’expérimentation avec l’installation de brumisateurs, de voiles d’ombrage et d’espaces de pique-nique. Ces aménagements temporaires ont permis de tester des solutions pour améliorer la qualité de vie sur cette place, tout en impliquant directement les habitants dans son futur réaménagement.
Coccinelles en béton – Place Grandclément – 2019
Comment ça fonctionne ?
Les installations temporaires sont conçues pour être souples, évolutives et écoresponsables. Sur l’espace public, des structures légères et démontables sont privilégiées : peinture au sol, mobilier en bois, matériaux recyclés. Ces aménagements peuvent être déplacés entre différents sites ou modifiés en fonction des retours des usagers.
Sur le bâti, les occupations sont adaptées à la durée de la transition et aux besoins des acteurs impliqués. Certains projets accueillent des activités sur plusieurs années, tandis que d’autres, répondent à des besoins d’urgence comme en offrant un hébergement temporaire à des personnes en situation de précarité par exemple.
Pour quels résultats ?
Chaque projet fait l’objet d’un suivi pour observer la fréquentation des lieux, les interactions sur place et les retours des usagers. Ces observations permettent de :
- Adapter rapidement les installations temporaires si nécessaire.
- Enrichir les projets définitifs grâce aux retours des usagers.
- Stimuler la concertation en donnant aux habitants la possibilité d’expérimenter les espaces avant leur transformation finale.
Avec 10 millions d’euros inscrits au programme pluriannuel d’investissement de la Métropole, 191 places d’hébergement créées et plus de 340 personnes travaillant sur ces sites, l’urbanisme transitoire est devenu un véritable moteur d’innovation urbaine et sociale. Ce modèle permet de tester, réemployer et faire participer les citoyens dans des projets à la fois créatifs et responsables.
Ainsi, l’urbanisme transitoire fait de la ville un terrain d’expérimentation grandeur nature, accueillant des projets au service du territoire. Chaque lieu en transition devient une opportunité pour imaginer de nouveaux usages, tester des solutions innovantes et construire un cadre de vie plus adapté aux besoins des habitants.
Aller plus loin sur les formes d’urbanisme temporaires avec Millénaire 3, le site de la prospective de la Métropole de Lyon :
- L’étude de la petite place de la Croix-Rousse : l’urbanisme transitoire comme support de concertation avant-projet
- Du temporaire au transitoire, retour sur la prise en compte du temps dans l’urbanisme
- L’urbanisme temporaire : un levier d’action pour fabriquer la ville autrement ?